Je ne connais pas d'écuyer remarquable en haute équitation qui n'ait été formé par un maître réputé dans cet art. Nombreux sont les cavaliers d'obstacle du plus haut niveau qui ne doivent leurs débuts qu'à de modestes instructeurs. Cette réflexion éclaire une particularité du dressage : la différence entre les deux disciplines quant à l'inné et l'acquis. J'ai été sollicité par de très grands cavaliers d'obstacle pour l'assouplissement de leurs chevaux. William Stenkraus, médaille d'or aux Jeux olympiques et Bernard de Fornbelle, plusieurs fois champion de France, dominaient déjà leur spécialité par leur seul tact et le choix de leurs chevaux, sans savoir exécuter une épaule en dedans.
Il n'est pas question de conférer aux uns ou aux autres une supériorité quelconque, mais de constater l'importance du « savoir appris » dans le dressage. La longue étude qui sépare les premières flexions de la création maîtrisée des airs d'école nécessite dix à douze ans sous la férule d'un maître. Le cavalier d'obstacle qui gagne a, à la base, talent et entraînement sans être toujours le produit d'une étoile du jumping. Imaginons deux jumeaux, sans formation équestre, enfermés avec tous les traités d'équitation et deux chevaux semblables. Donnons-leur un an, à charge pour le premier de franchir un parcours à 1,20 m et pour le second d'exécuter un appuyer au trot à chaque main. Le premier se sortira aisément de l'épreuve, le second sera en difficulté dans ses pas de coté plusieurs années après.
Je décidai de demander l'avis sur cette question à l'entraîneur de notre, équipe de CSO, Jean-Maurice Bonneau : « Je suis totalement de votre avis, cependant la confrontation atteint un tel niveau en compétition que je considère de plus en plus que le génie du couple est insuffisant s'il ne repose pas sur un objectif de tous les instants : la répartition à volonté du poids et des forces entre l'avant et l'arrière-main ».