Alors que j'étais interrogé par un journaliste sur ce que les Académies nationales d'art équestres représentaient dans l'équitation, je sursautai un peu à la dernière question : "Mon rédacteur en chef vous demande à quoi elles servent." Je repris vaillamment le fil de mon exposé. Inversant la charge de la preuve, j'exposai la situation d'une nation de haute et ancienne civilisation, la nôtre, qui, après que la révolution de 1789 eut anéanti ses Académies Royales se trouva sans repères culturels et s'empressa de les rétablir sous des dénominations républicaines. Mieux encore, nous étions dans la semaine olympique et apprenions que l'équipe d'Espagne venait de remporter la médaille d'argent, confirmant ainsi son ascension fulgurante au plus haut niveau mondial du dressage. Cette équipe est constituée de quatre cavaliers, dont deux de l'Académie royale, tous entraînés à l'Académie. Dans le même temps, je recevais Don Alvaro Domecq1, son fondateur, encore rayonnant de plaisir après les félicitations du Roi déclarant que sans l'immense impact créé par l'école classique de Jerez, le pays en serait toujours à son équitation folklorique ! Débarrassé d'une connotation "ringarde" le vocable d'académie doit être pris dans son sens originel : "un collège de cavaliers au talent confirmé, réunis autour de Maîtres reconnus". Elle travaille à l'élaboration d'une doctrine et d'un enseignement pour la propager. Elle est une référence technique et artistique. Elle conserve les principes fondamentaux, accueille les idées nouvelles pour essaimer ensuite. Elle est un instrument à la pointe de la recherche, et pour exister dans le monde qui l'entoure, elle en accepte les exigences. Il ne doit pas s'agir de règles étroites et conventionnelles, mais d'un classicisme épris de progrès et redorant le meilleur des modèles anciens sans pédanterie, ni froideur. Cet art est aussi métier et il faut un endroit pour l'apprendre.
Modèle vivant et pérenne, l'école de Vienne, autre phare international, a traversé 425 ans de bouleversements sociaux et politiques, d'invasions tragiques et de phases glorieuses. Elle n'a jamais cessé d'enrichir la culture et les techniques du monde équestre. C'est à cela que servent les Académies...
1Don Alvaro Domecq est l'éleveur d'Invasor, le PRE, et le formateur de son cavalier Rafael Soto ainsi que d'Ignacio Rambla, tous médaille d'argent à Athènes.