La rectitude est le seul moyen d'assurer le
fonctionnement régulier des membres.
A l'état naturel, le cheval n'est jamais droit : le phénomène de lalatérisation fait que le mammifère en mouvement est toujours plusou moins asymétrique par rapport à son axe de déplacement. Il est donc essentiel de remettre les épaules devant les hanches.
Il est facile d'observer sur un chien qui avance devant vous sur un chemin rectiligne, l'organisation asymétrique de son corps par rapport aux côtés du chemin, avec généralement ses épaules àgauche et ses hanches à droite. Cette prédominance fonctionnelle d'un côté sur l'autre nous touche également, faisant de nous majoritairement des droitiers avec, pour tous, les effets de comportements qui en découlent. On peut donc constater que les explications données par quelques maîtres aussi péremptoires qu'érudits sur la déviation naturelle du cheval, conséquencedu pli du poulain dans le ventrede sa mère ou du côté où tombe la crinière, relèvent de la plus grande fantaisie.
Il n'en est pas moins indispensable pour assurer la conduite précise du cheval, hier au combat, aujourd'hui sur la carrière dedressage comme sur le parcoursd'obstacles, d'établir une rigoureuse maîtrise de la rectitude. Elle est le seul moyen de le diriger et d'assurer le fonctionnement régulier des quatre membres.
Il faut souligner que c'est là une des plus grandes difficultés équestres et que l'obtention d'un cheval droit d'épaules et de hanches se dirigeant sans dévier sur les lignes à suivre est toujours un tour de force. En effet, sous le poids et les aides du cavalier, le cheval se contracte plus ou moins, augmentant ainsi sa déviation naturelle.
La cavalière baisse ses mains et favorise
le déroulement droit du cheval sur les épaules.
Il n'est pas question d'imposer la rectitude par des actions trop rigoureuses. Comme nous l'avons déjà vu, on ne peut, au début, que le laisser se dérouler, la colonne vertébrale horizontale, de la nuque à la queue, en le canalisant entre les rênes, l'assiette et les jambes. Ce qui va d'abord permettre de le redresser et de le maintenir droit, c'est la tension sur lui-même, qui résultera de l'impulsion transmise sans que la main n'y fasse obstacle.
Lorsque l'on parle de rectitude, ils'agit aussi bien de maintenir le cheval droit sur les lignes droites, qu'incurvé sur les lignes courbes. Chaque coin du manège est une ligne courbe correspondant au quart d'une volte de six mètres qu'il faudra exécuter en superposant parfaitement le corps du cheval sur elle. Au sortir du coin - ligne courbe, il faudra immédiatement réajuster le corps du cheval sur son axe de marche, parfaitement parallèle au côté du manège.
Tous ces exercices peuvent être exécutés aux trois allures avec un cheval ayant deux mois d'un bon débourrage.
Ce sont par des exercices gymniques progressifs que nous allons donner au cheval la possibilité d'être droit. Ce travail peut s'étaler sur dix-huit mois à trois ans. A main gauche, apparemment pas de problème : l'encolure se place spontanément à gauche dans les coins, à la satisfaction du cavalier inexpérimenté qui ne s'aperçoit pas que le cheval reste pli à gauche sur la ligne droite. A main droite, le cheval conserve l'encolure et souvent les épaules déviées à gauche et les hanches en dedans. En général, le cavalier primaire laisse faire à gauche, satisfait à tort du pli à gauche, même sur la ligne droite. Par contre, à droite, les plus sensibles réagiront sur la rêne droite, ce qui reportera peut-être l'encolureà droite mais aussi les hanches, créant un problème supplémentaire, surtout au galop.
On a justement écrit que la rêne extérieure était "la rêne de l'écuyer". C'est seulement par elle, mais en liaison avec la rêne et la jambe intérieure, que l'on redresse le cheval, d'abord le long du mur puis sur des lignes intérieures que l'on prendra toujours sur la rêne extérieure. Pour redresser l'excès de déviation à gauche, la main intérieure ne fait que s'abaisser pour tenir un peu l'encolure droite, alors que la main extérieure remet l'encolure en ligne avec le corps du cheval sur un contact très franc à sa base.
La mémoire du pli naturel ne se perd jamais.
Le cavalier doit donc le compenser en permanence.
La mémoire du pli naturel ne se perd jamais. Le champion le plus médaillé, dans l'abandon des aides, reprendra toujours son incurvation naturelle. Le cavalier de haut niveau dispose instinctivement son équilibre de façon à corriger les déviations habituelles du cheval. à main droite, il pivote ses hanches et ses épaules vers l'intérieur, replaçant ainsi les épaules du cheval dans l'axe de la marche avec sa rêne extérieure.
Je veux insister, pour conclure, sur le fait que le rôle du dos, de l'assiette et des jambes du cavalier, en accord avec la main, est primordial et que rien de ce que nous venons de décrire ne fonctionne sans la participation d'un dos, d'une assiette et de jambes totalement indépendantes de la tenue à cheval.
Michel Henriquet